Site officiel de la communauté khassonke pour la promotion de la culture et de la langue Khassonke (c) 2005 à 2014
SEKENE MODY CISSOKO – ORIGINE ET HISTOIRE DU KHASSO
Selon
l’historien
khassonké
Sékéné
Mody
Cissoko,
dans
son
ouvrage
Le
Khasso
face
à
l’empire
Toucouleur
et
à
la
France
dans
le
Haut-
Sénégal
1854-1890
,
Les
Khassonké
sont
des
peuhls
venus
s’installer
au
milieu
des
Malinké
qui
les
assimilaient
à
leur
langue
et
à
leur
culture,
à
tel
point
qu’ils
ne
conservent
rien
de
leur
origine
première
sinon
les
noms
claniques
et
certains
traits
physiques.
Les
peuhls
seraient
venus
au
Khasso
de
différents
points
du
sahel
soudanais
et
du
Fouta
Toro.
Leurs
migrations
séculaires
se
seraient
intensifiées
du
14e
au
16e
siècle
sous
les
empires
du
Mali
et
du
Songhay.
C’était
au
Bakhounou
que
vinrent
les
plus
importants
lots
dont
un
berger
de
famille
princière,
Diadié
Kundabaloo,
qui
donna
naissance
au
clan de
Bambéra
du Khasso.
Les
peuhls
s’établirent
dans
le
Khasso,
situé
sur
la
rive
droite
du
haut-
Sénégal
entre
le
Diakhitéla
actuel
et
le
Tomora
alors
peuplé
de
Malinké.
Les
peuhls
ont
été
si
longtemps
exploités
par
leur
hôtes
malinkés
qu’un
jour,
ils
finirent
par
se
révolter,
vers
1677-1681,
sous
la
direction
d’un
certain
Yamadou
Hawa,
chef
du
clan
de
Bambéra
.
Les
ancêtres
peuhls
des
Khassonkés
remportèrent
la
victoire
finale
à
Toumbifara
près
de
Bafoulabé
et
s’affranchirent
à
jamais
de
la
domination
malinké.
Séga
Doua
,
fils
de
Yamadou
Hawa
fut
le
premier
roi,
et
gouverna
le
tout
premier
Khasso
de
1681-1725.
Mais
le
Khasso
va
éclater
à
la
mort
du
dernier
roi
Demba
Séga
en
1796,
à
la
suite
d’une
guerre
civile
qui
dura
jusqu’en
1800
et
qui
opposa deux de ses fils
Dibba Samballa
et
Demba Maddy
.
A
partir
de
1800
donc,
le
Khasso
fut
scindé
en
cinq
nouveaux
royaumes
correspondant
aux
quatre
lignages
du
Bambéra
:
le
Dembaya
(Médine),
le
Séro
et
l'Almamy
(Silatiguiya),
le
Diadiéya
et
le
Guimbaya.
Seul
le
Dembaya
put,
grâce au génie de
Hawa Demba
, acquérir des moyens militaires et matériels d'une politique de grandeur dans la région.
Les royaumes malinké du Khasso
:
Les
Malinké,
premiers
habitants
du
Khasso,
constituent
la
seconde
composante
de
l'ethnie
khassonké.
Ils
ont
assimilé
les
immigrants
peuhls
pour
former
une
ethnie
nouvelle
dont
chaque
élément
n'a
malheureusement
pas
perdu
la
conscience
de
ses
origines
premières.
Les
Malinké
du
Khasso
refusent
d'être
confondus
avec
les
peuhls
et
vice
versa.
Ils
ont
néanmoins
la
même
langue, la même culture et la même histoire.
L'essentiel
de
la
population
des
clans
peuhls
du
Bambéra
est
constitué
de
Malinké.
Les
forgerons
Takhiba-si',
les
griots
Koité,
Kanouté,
les
marabouts-forgerons
Kanouté,
les
sacrificateurs
Konaté
-
Sindi-si,
les
nombreux
captifs,
piliers
des
monarchies,
sont tous des Malinké intégrés à la jeune et dynamique ethnie du Khasso.
Outre
ces
Malinké
indissociables
des
peuhls
,
il
y
a
des
pays
du
Khasso
à
population
malinké
presque
homogène
mais
“
khassonkisée
”
pour
ainsi
dire.
Il
s'agit
principalement
du
Khontéla
à
la
marge
orientale
du
monde
khassonké,
du
Tomora
et
du
Logo
.
Le
premier,
unifié
à
la
fin
du
XVII,
siècle
par
le
clan
des
Kanouté,
tour
à
tour
intégré
aux
Etats
khassonké
et
bambara,
est
un pays de paisibles agriculteurs qui ne firent pas beaucoup parler d'eux.
Beaucoup
de
Khassonké
peuhls
ne
quittèrent
jamais
le
Tomora
,
l'un
des
premiers
foyers
de
leur
immigration
ancienne.
Mêlés
aux Malinké, ils vivaient sédentarisés sans autre organisation politique que villageoise.
Un
groupe
important
d'immigrants
malinké,
vaincu
dans
une
lutte
fratricide
au
Barinta
,
se
réfugia
vers
le
début
du
XVIIe,
siècle
au
Tomora
sous
la
direction
de
Sanga
Moussa
Soussokho
.
Il
s'imposa
par
des
pactes
d'alliances
aux
habitants
et
Sanga
Moussa
fonda
un
des
plus
grands
royaumes
khassonké.
A
sa
mort
vers
1746,
le
pouvoir
passa
successivement
à
ses
fils
Hola
Mody
(1746-1747)
et
Dalla
Mamadou
(1747-1780).
C'était
l'époque
de
l'apogée
de
l'Empire
de
Koniakary
auquel
se
soumit
le
jeune
royaume.
Le
plus
célèbre
des
souverains,
Sokhona
Moussa
(1780-1819),
consolida
la
royauté
par
une
victorieuse
campagne
de
vengeance
contre
Barinta
,
la
patrie
de
ses
aïeux.
Il
guerroya
dans
le
Bambouk
où
il
ramena
un
butin
considérable
tant
en
or
qu'en
esclaves.
Il
procéda
à
une
véritable
politique
de
peuplement,
fonda
près
d'une
vingtaine
de
villages
et
invita
tous
les
autres
lignages
du
clan
à
en
faire
de
même.
Il
établit
ainsi
les
bases
de
la
puissance
du
Tomora
:
une
population
nombreuse
sur
une
terre
à
céréales.
Durant
tout
le
XIX
Siècle,
le
Tomora
fut
le
grenier
du
Khasso
d'autant
plus
qu'il
connut une longue période de paix depuis la mort du souverain en 1819.
Sur
l'autre
rive
du
Sénégal,
le
Logo
,
étendu
de
Dinguira
aux
chutes
de
Félou,
est
une
plaine
alluviale
d'extrême
fertilité,
habité
de
haute
antiquité
par
des
Soninké
agriculteurs
et
pêcheurs.
Prolongement
naturel
du
Bambouk
sur
le
fleuve
Sénégal,
le
pays
reçut
au
cours
des
siècles
des
immigrants
malinké
dont
une
fraction
des
Soussokho
conduite,
vers
le
premier
tiers
du
XVIe
siècle,
par
Dra
Makhan
,
un
prince
du
royaume
de
Kamana
ou
de
Diabé
dans
le
Bambouk
.
Les
descendants
de
Dra
Makhan
reconnurent
la
chefferie
au
plus
âgé
de
leur
maison
et
progressivement
intégrèrent
tous
les
villages
du
Logo
à
leur
pouvoir.
Vers
la
fin
du
XVIIIe
siècle,
le
farin
Moussa
Makou
transféra
sa
capitale
à
Sabouciré
.
Son
fils
Makhan
Fatouma
(1793-1833)
peut
être
considéré
comme
un
véritable
roi.
Il
domina
tout
le
Logo
et,
par
de
nombreux
mariages
avec
ses
voisins,
il
eut
près
de
cent
enfants.
La
fin
de
son
règne
fut
consacrée
à
la
lutte
contre
Hawa
Demba
qu'il
avait
aidé
à
s'établir
sur
la
rive
gauche
et
qui
s'employa
à
lui
enlever
une
partie
du
territoire
de
Logo.
Son
fils
Niamody
hérita
de
ce
conflit
qui
ne
se
termina
qu'avec
l'avènement de la République du Mali en 1960.
Un royaume isolé : Le Niatiaga.
Le
dernier
royaume
important
du
Khasso,
le
Niatiaga,
continuait
le
Logo
vers
le
Sud
et
confinait
à
l'Ouest
le
Bambouk.
C'était
un
pays
de
peuplement
entièrement
malinké
conquis
au
début
du
XIXème
siècle
par
le
clan
foula
Diakhité
de
Gagny.
Les
Diakhité
qui
avaient
refusé
de
reconnaître
la
royauté
du
Bambéra
s'étaient
réfugiés
à
Gagny
sur
la
rive
gauche,
dans
le
voisinage des Malinké avec lesquels ils eurent des relations de mariage et d'alliance.
Profitant
des
dissensions
internes
entre
les
villages
malinké
du
Niatiaga
où
des
riches
pâturages
étaient
visités
depuis
longtemps
par
leurs
troupeaux,
les
Diakhité
sous
la
direction
de
l'Ancien
du
clan,
Séga
Mody,
s'emparèrent
de
Tinkin
le
principal
village, et obtinrent la soumission de tout le pays.
Séga
Mody
(1810-1851)
et
ses
nombreux
fils
repoussèrent
les
visées
annexionnistes
de
Hawa
Demba.
Ils
œuvrèrent
à
peupler
le
pays,
à
le
mettre
en
valeur.
Séga
Mody
s'établit
à
Mansonna,
son
frère
Attiné
Séga
à
Tinkin.
Ses
fils,
ses
frères
et
ses
neveux
se
dispersèrent
à
travers
le
pays
et
créèrent
de
nombreux
villages
de
culture.
Le
Niatiaga
changea
de
physionomie.
Le
commandant
de
Bakel,
Rey,
qui
rendit
visite
au
vieux
roi
en
1851,
a
vu
un
pays
bien
cultivé,
une
importante
production
artisanale de minerais de fer et de cornalines alimentant des échanges avec les voisins.
A
partir
de
1851,
à
peine
né,
le
royaume
allait
connaître
une
grande
crise
dynastique
annihilant
toute
la
politique
de
Séga
Mody.
En
effet,
son
frère
et
successeur
Attiné
Séga
fut
contesté
par
ses
neveux
qui
voulaient
garder
la
royauté
dans
leur
lignage.
Ce
fut
donc
la
guerre
civile
qui
vit
le
triomphe
de
Hawa
Sémounou,
fils
de
Séga
Mody,
contre
la
ligue
de
ses
oncles
dirigée
par
Attiné Séga. L'avenir de Niatiaga se trouva ainsi lourdement grevé lorsque éclata, vers 1854, dans le Bambouk le jihad omarien.
Source
:
Sékéné
Mody
Cissoko,dans
son
ouvrage
Le
Khasso
face
à
l’empire
Toucouleur
et
à
la
France
dans
le
Haut-
Sénégal 1854-1890
Selon d’autres versions :
Le
royaume
du
Khasso
fut
constitué
au
XVIIème
siècle
par
des
groupes
migrants
peuhls
du
Regueiba,
de
patronyme
DIALLO,
venus
du
Bakuna
(région
située
entre
Balé
et
Nara).
A
la
recherche
de
pâturages,
ces
peuhls
se
sont
installés
dans
le
haut
fleuve
Sénégal,
au
pays
de
Kayes,
fondé
par
les
Soninkés
ou
Sarakollés.
Au
contact
d’autres
communautés
telles
que
les
Malinkés,
les
Soninkés,
les
Maures
et
les
peuhls
du
Fouta
Jalon,
Ces
peuhls
perdent
leur
langue
et
créent
le
Khassonké,
langue
mélangée
de
ces
différentes
communautés.
Cependant,
ces
peuples
n’ont
pu
les
absorber
ni
les
dominer
assez
longtemps, malgré leur puissance et leur importance numérique de beaucoup supérieur à celles des khassonkés.
La
richesse
au
Khasso
se
mesurait
en
nombre
d’esclaves
que
le
roi
et
ses
alliés
pouvaient
posséder.
le
royaume
rentra
très
tôt
en
contact
avec
les
européens
et
fut
l’un
des
grands
pourvoyeurs
d’esclaves
à
la
traite
négrière
qui
avait
commencé
dès
le
XVIème siècle.